Défilé de tubes et de mode, performances artistiques, scénographie hollywoodienne... Bercy surchauffé et plein à craquer accueillait, vendredi et samedi, la tournée mondiale « Monster Ball » de Lady Gaga. Un méga show à l'américaine, à la hauteur de l'immense talent de la jeune star.

Durant deux heures, Gaga embarque son public pour une virée dans son New-York. Les tableaux et les décors - une ville industrielle avec carcasse de voiture (révélant un piano) et néons, un wagon de métro ou un monstre marin - sont impressionnants. Ses changements de costumes aussi. Robe en plastique transparent ou en métal, body en cuir noir clouté, crête et ailes animées, l'artiste se métamorphose à chaque chanson.

Avec des intermèdes vidéos à l'esthétique « underground », sur de la musique électro, elle se démarque des chanteuses de sa génération. Jouant avec un sceptre en cristal, Lady Gaga s'impose : elle est la reine incontestée. Un pouvoir qu'elle exhibe en ramenant sur scène ses cinq World music awards, des prix remportés trois jours plus tôt...

La nouvelle icône de la pop

Ses fans, ses « little monsters », ont eux aussi laissé parler leur créativité. Costumes gagaesque et talons hauts, éclairs peints sur le visage, lunettes-cigarettes ou maxi-épaulettes artisanales ! L'objectif est d'afficher son extravagance pour ce concert-événement. Les 38 000 places, pour les deux dates parisiennes, se sont arrachées en 60 secondes.

Lady Gaga est la star planétaire du moment. En à peine deux ans et deux albums, elle est devenue un phénomène. Avec The Fame, sorti en août 2008, et The Fame monster, une réédition contenant des inédits, elle a vendu 14 millions de disques et 35 millions de singles. Un exploit en pleine crise du disque pour cette nouvelle icône de la pop. Héritière des années 80, Lady Gaga a dépoussiéré tout ce que ses idoles, Madonna, Prince et David Bowie, avaient inventé. Avant-gardiste, elle a révolutionné la pop par son ultramodernité. Une technique impeccable, de la dance music et des paroles minimalistes où elle clame ses envies de fête, d'argent et de célébrité. C'est la recette des chansons qu'elle compose, écrit et interprète. Virtuose de la musique (elle a commencé le piano à 4 ans), Lady Gaga a mis au placard les Britney Spears, Christina Aguilera ou Gwen Stefani. Pourtant, son succès ne tient pas qu'à ses nombreux tubes.

La mise en scène est plus importante que la chanson. Reine de la maxi-épaulette, apôtre de la coiffure extravagante, Lady Gaga cultive un style excentrique et exubérant, à la croisée du « trash » des années 70 et du « glam-rock » des années 80. Des créations incroyables directement sorties de la Haus of Gaga. Ce collectif de stylistes, amis de la star, conçoit ses tenues, accessoires, mais aussi la mise en scène de ses spectacles. Toujours cachée derrière ses masques, l'artiste apparaît rarement à découvert.

Un extraterrestre

On ne sait quasiment rien de Stefani Germanotta, celle qui se cache derrière Lady Gaga. Sinon que cette New-yorkaise de 24 ans a suivi sa scolarité dans une école religieuse de filles, où elle portait l'uniforme. À l'heure où les maisons de disques refusaient de signer avec elle, elle composait pour d'autres, notamment Britney Spears ou les Pussycat Dolls. Convaincue de son talent, la jeune Stefani se donne un an pour réussir. Elle crée alors son personnage d'extraterrestre, à qui elle donne le nom dune chanson de Queen, Radio Ga Ga. Sous son contrôle, son image est entièrement calculée.

L'entreprise Gaga est une machine bien huilée. Ses apparitions, interviews, émissions de télé, clips sont réglés au millimètre près. Moderne, la star utilise toutes les ressources que le numérique et Internet offrent. Elle s'adresse directement à ses fans via Facebook et Twitter. Crée ses propres applications iPhone. Sur You Tube, elle est la seule artiste à avoir dépassé le milliard de vues, pour l'ensemble de ses vidéos. Au point de créer des émules. Greyson Chance, un jeune garçon, a créé le buzz avec son interprétation de Paparazzi. Plus insolite, des soldats en Afghanistan ont fait le tour du monde avec leur parodie de Telephone.

Lady Gaga est une artiste de son temps. Quand elle caricature les ressorts de son époque, on ne peut s'empêcher de penser à un certain Andy Warhol. Et quelque chose nous dit que cette Lady pourrait bien nous rendre gaga.